1. Introduction aux Particules d’Appel en Arabe (حروف النداء)
L’apprentissage de la langue arabe ouvre la porte à une richesse culturelle et linguistique fascinante. Parmi les aspects grammaticaux essentiels à maîtriser se trouve le style de l’appel, ou النداء (an-Nidā’). Cette structure, omniprésente dans la communication quotidienne comme dans les textes les plus élevés, permet d’interpeller autrui, d’attirer son attention ou de le sommer de s’approcher.
Qu’est-ce que l’appel (النداء – An-Nidā’) en grammaire arabe?
En grammaire arabe, l’appel, النداء (an-Nidā’), est défini comme un style grammatical (أسلوب – uslub) spécifique. Il ne s’agit pas simplement d’un mot isolé, mais d’une construction syntaxique qui remplit une fonction communicative précise. Ce style se compose fondamentalement de deux éléments clés 1 :
- L’outil ou la particule d’appel (أداة النداء – adāt an-nidā’ ou حرف النداء – ḥarf an-nidā’).
- Le nom interpellé ou la personne/chose appelée (المنادى – al-munādā).
La fonction première de cette structure est de solliciter l’attention ou la présence de l’interlocuteur.2 Un exemple simple et universellement reconnu est : يا محمدُ (Yā Muḥammadu – Ô Muhammad).1
Importance et usage courant :
Le style de l’appel est d’une fréquence notable tant dans l’arabe parlé que dans l’arabe écrit. Son importance est particulièrement soulignée par son usage intensif dans les textes religieux, au premier rang desquels figure le Coran. Il est à noter que dans le Coran, la particule يا (yā) est employée de manière quasi exclusive pour l’appel.1 Des versets tels que يَا آدَمُ اسْكُنْ أَنتَ وَ زَوْجُكَ الْجَنَّةَ (Yā Ādamu skun anta wa zawjuka l-jannata – Ô Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse) 3 ou يَا بَنِي إِسْرَائِيلَ اذْكُرُوا نِعْمَتِيَ (Yā Banī Isrāʾīla dhkurū niʿmatiya – Ô Enfants d’Israël, rappelez-vous Mon bienfait) 3 illustrent cet usage.
Petite comparaison : Comment interpelle-t-on en français?
Pour un francophone, aborder le النداء (an-Nidā’) arabe nécessite de comprendre comment cette fonction est généralement réalisée dans sa propre langue. En français, l’interpellation se manifeste souvent par des moyens plus implicites ou moins formalisés grammaticalement :
- L’intonation joue un rôle prépondérant : « Pierre, viens ici! » où le nom est simplement prononcé avec une intonation montante ou exclamative.
- L’usage d’interjections comme « Ô » (souvent littéraire ou solennel), « Hé », « Eh bien ».4 Par exemple, « Ô mon ami! » ou « Hé, Paul! ».
- La grammaire française reconnaît le concept d’apostrophe, où un nom ou un groupe nominal désignant la personne ou la chose interpellée est mis en évidence, souvent isolé par des virgules. Par exemple : « Toi, l’ami, écoute-moi. » Le terme « vocatif » est également hérité de la tradition grammaticale latine, souvent associé à l’interjection « Ô » comme dans la célèbre citation : « Ô temps, suspends ton vol! ».4
Il est important de souligner que si le français possède ces mécanismes, le système arabe du النداء (an-Nidā’) est nettement plus structuré. Il dispose d’un ensemble de particules dédiées, chacune avec des nuances potentielles, et surtout, il impose des règles grammaticales précises (l’إعراب – iʿrāb) au nom interpellé (المنادى – al-munādā). Cette formalisation peut représenter à la fois une nouveauté et une source de complexité initiale pour l’apprenant francophone, qui est habitué à une plus grande flexibilité ou à une moindre codification grammaticale de l’interpellation. Là où le français utilise souvent des indices contextuels ou prosodiques, l’arabe a intégré l’appel de manière plus formelle au sein de sa structure grammaticale.5 Cette différence fondamentale doit être appréhendée dès le départ pour une meilleure compréhension du système arabe.
2. Les Outils de l’Appel : Les Particules de النداء (أدوات النداء – Adawāt an-Nidā’)
Les particules d’appel, حروف النداء (Ḥurūf an-Nidā’) ou أدوات النداء (Adawāt an-Nidā’), sont les mots-outils qui introduisent l’appel en arabe. Elles servent à attirer l’attention de l’interlocuteur avant de lui adresser la parole ou de formuler une requête.1 La langue arabe en possède plusieurs, chacune ayant potentiellement une nuance d’usage, notamment en ce qui concerne la distance (physique ou symbolique) perçue entre celui qui appelle et celui qui est appelé.
Détail des principales particules :
Les grammairiens arabes distinguent généralement cinq particules d’appel principales :
- يا (yā) :
C’est de loin la particule la plus courante et la plus polyvalente. Elle est parfois surnommée « أم الباب » (umm al-bāb), signifiant « la mère du chapitre » ou « la principale » dans ce contexte, pour souligner sa prééminence.3 Elle s’utilise indifféremment pour interpeller quelqu’un de proche ou de lointain.1
- Exemple : يازيدُ (Yā Zaydu) – Ô Zayd! 3
- Exemple : يابُنيَّ،لاتسهرْكثيرًا (Yā bunayya, lā tashar kathīran) – Ô mon petit (enfant), ne veille pas tard.
- Comme mentionné précédemment, c’est la seule particule d’appel utilisée dans le Coran.1
- أ (ʾa) (الهمزة – al-Hamza) :
Cette particule, représentée par la lettre Hamza, est utilisée pour l’appel proche. Cette proximité peut être physique (حقيقي – ḥaqīqī) ou métaphorique/affective (معنوي – maʿnawī).1
- Exemple : أَزيدُ (ʾA Zaydu) – Ô Zayd (qui est proche)! 3
- Exemple : أَفاطمُ،لاتبيني عنّي (ʾA Fāṭimu, lā tabīnī ʿannī) – Ô Fatima (proche de cœur), ne t’éloigne pas de moi.
- أيْ (ʾay) :
Cette particule est généralement employée pour interpeller quelqu’un qui se trouve à une distance proche ou moyenne (ni très loin, ni très près).1
- Exemple : أيْ زيدُ (ʾAy Zaydu) – Ô Zayd (à distance moyenne)! 3
- Exemple : أيْ أُخيَّ، قم بِعَملكَ (ʾAy ʾukhayya, qum bi-ʿamalika) – Ô mon cher frère (proche), fais ton travail.
- أيا (ʾayā) :
Utilisée pour l’appel lointain. Comme pour la Hamza, cette distance peut être physique ou symbolique, indiquant par exemple un rang élevé, un éloignement affectif, ou pour souligner l’importance de l’appel.1
- Exemple : أيا زيدُ (ʾAyā Zaydu) – Ô Zayd (qui est loin)! 3
- Exemple : أي اخائنًا للأوطان ،ستندم (ʾAyā khāʾinan lil-ʾawṭān, satandamu) – Ô traître aux patries (distance symbolique/morale), tu regretteras.
- هيا (hayā) :
Similaire à أيا (ʾayā), هيا (hayā) est également utilisée pour l’appel lointain, que cette distance soit réelle ou métaphorique.1
- Exemple : هيازيدُ (Hayā Zaydu) – Allons, Zayd (qui est loin)! / Hé, Zayd (qui est loin)! 3
- Exemple : هيا مترددًا ،اتّخذ قراركَ (Hayā mutaraddidan, ittakhidh qarārak) – Hé, hésitant (personne lointaine ou dont l’attention est difficile à capter), prends ta décision!
Il est à noter que certaines sources mentionnent l’existence de légers désaccords (خلاف – khilāf) parmi les grammairiens classiques concernant les usages et nuances exacts de chaque particule.3 Cependant, les directives présentées ci-dessus représentent le consensus général et sont celles enseignées majoritairement. Pour un apprenant francophone, la notion même de particules d’appel variant en fonction de la distance perçue de l’interlocuteur est une nouveauté, le français privilégiant l’intonation ou des éléments contextuels pour de telles nuances. Il est donc important de prêter attention à ce choix en arabe pour une expression plus précise et idiomatique.
Concernant leur analyse grammaticale (إعراب – Iʿrāb), la plupart de ces particules sont considérées comme مبني على السكون لا محل له من الإعراب (mabnī ʿalā s-sukūn lā maḥalla lahu min al-iʿrāb), c’est-à-dire « invariables (figées) sur un sukūn, sans position grammaticale dans la phrase ». Une exception notable est la Hamza (أ) qui est مبني على الفتح لامحل له من الإعراب (mabnī ʿalā l-fatḥ lā maḥalla lahu min al-iʿrāb), « invariable sur un fatḥa, sans position grammaticale ».
Tableau Récapitulatif 1: Particules d’Appel, Leurs Usages et Exemples
Le tableau suivant synthétise les informations essentielles concernant les principales particules d’appel pour une référence rapide et une meilleure mémorisation.1
Particule (Arabe) | Transcription (Simplifiée) | Usage Principal | Exemple (Arabe) | Exemple (Transcription) | Traduction Française de l’Exemple |
يا | Yā | Proche et Lointain (Général) | يا محمدُ | Yā Muḥammadu | Ô Muhammad! |
أ (الهمزة) | ʾA | Proche (physique ou métaphorique) | أَخالدُ | ʾA Khālidu | Ô Khalid (proche)! |
أيْ | ʾAy | Proche ou Distance Moyenne | أيْ بُنيَّ | ʾAy bunayya | Ô mon petit (proche/moyennement distant)! |
أيا | ʾAyā | Lointain (physique ou métaphorique) | أياغائبًاعدْ | ʾAyā ghāʾiban ʿud | Ô absent (lointain), reviens! |
هيا | Hayā | Lointain (physique ou métaphorique) | هيا عاملُ، أسرعْ | Hayā ʿāmilu, ʾasriʿ | Hé, ouvrier (lointain), dépêche-toi! |
Cette distinction entre distance « réelle » (حقيقي) et « métaphorique/symbolique » (معنوي) dans l’usage des particules, mentionnée par certaines sources, ajoute une couche de finesse à la langue. Par exemple, interpeller quelqu’un avec أيا (ʾayā) peut signifier qu’il est physiquement éloigné, ou qu’il y a une distance hiérarchique, émotionnelle, ou encore que l’on souhaite conférer une certaine solennité ou emphase à l’appel. Cette subtilité, souvent appréciée des apprenants avancés, montre que le choix de la particule peut dépasser une simple règle de distance physique.
3. L’Interpellé : Comprendre le المنادى (Al-Munādā)
Après avoir exploré les outils de l’appel, les particules de النداء (an-Nidā’), il est essentiel de se pencher sur l’élément central de cette structure : le المنادى (Al-Munādā), c’est-à-dire le nom de la personne ou de la chose interpellée.
Définition du المنادى (Al-Munādā) :
Le المنادى (Al-Munādā) est le nom qui suit immédiatement la particule d’appel et qui désigne l’entité à laquelle s’adresse l’appel.1 C’est le destinataire de l’interpellation. Par exemple, dans يا طالبُ (Yā ṭālibu – Ô étudiant!), le mot طالبُ (ṭālibu) est le المنادى (Al-Munādā).
Règle générale fondamentale : l’origine du المنادى (Al-Munādā) comme مفعول به (Mafʿūl bihi)
Pour comprendre correctement l’analyse grammaticale (الإعراب – Al-Iʿrāb) du المنادى (Al-Munādā), il est crucial de saisir son statut grammatical sous-jacent. Les grammairiens arabes considèrent que le المنادى (Al-Munādā) est, à l’origine, en position de complément d’objet direct (مفعول به – mafʿūl bihi) d’un verbe d’appel qui est sous-entendu (supprimé pour la concision mais implicitement présent). Ce verbe est généralement estimé comme étant أدعو (adʿū – j’appelle) ou أنادي (unādī – j’appelle/je crie vers).
Ainsi, lorsque l’on dit يامحمدُ (Yā Muḥammadu), la structure complète implicite serait quelque chose comme أدعو محمدًا (Adʿū Muḥammadan – J’appelle Muhammad). Cette compréhension est la clé de voûte pour saisir pourquoi le المنادى (Al-Munādā) est soit directement à l’accusatif (منصوب – manṣūb), soit, lorsqu’il est invariable (مبني – mabnī), considéré comme étant « en position d’accusatif » (في محل نصب – fī maḥalli naṣb). Cette perspective, où l’interpellé est l’objet d’une action d’appel implicite, unifie la logique derrière les différentes règles d’Iʿrāb du المنادى (Al-Munādā). Pour un apprenant francophone, habitué à ce que le nom en apostrophe soit souvent en marge de la structure syntaxique principale de la phrase, cette intégration du المنادى (Al-Munādā) comme un « objet appelé » constitue une différence conceptuelle majeure.
Caractère défini du المنادى (Al-Munādā) :
Une autre caractéristique importante du المنادى (Al-Munādā) est qu’il est sémantiquement toujours défini (معرفة – maʿrifah). En effet, pour interpeller une entité, celle-ci doit être, d’une manière ou d’une autre, identifiée ou identifiable par celui qui lance l’appel. Même dans les cas où le المنادى (Al-Munādā) est un nom grammaticalement indéfini (نكرة – nakirah), comme dans le cas de النكرة المقصودة (an-nakirah al-maqṣūdah – l’indéfini spécifié), il est « défini » dans l’intention du locuteur. Par exemple, si l’on dit يارجلُ (Yā rajulu – Ô homme!) en s’adressant à un homme précis qui se trouve devant soi, le mot رجلُ (rajulu), bien que grammaticalement indéfini, désigne une personne spécifique dans ce contexte d’énonciation. Cette distinction entre la forme grammaticale (indéfinie) et l’intention communicative (définie) est subtile mais essentielle pour comprendre certains types de المنادى (Al-Munādā).
4. L’Analyse Grammaticale (الإعراب – Al-Iʿrāb) du المنادى : Les Cas d’Invariabilité (المبني – Al-Mabnī)
L’analyse grammaticale du المنادى (al-munādā) révèle deux grandes catégories : le المنادى المبني (al-munādā al-mabnī), qui est invariable dans sa terminaison mais occupe une position grammaticale, et le المنادى المعرب (al-munādā al-muʿrab), qui est déclinable et prend directement une marque de cas.
Le concept de مبني (mabnī – invariable) signifie que le mot conserve une forme finale fixe, indépendamment de sa fonction grammaticale apparente dans la phrase. Cependant, ce mot occupe une « position » (محل – maḥall) qui correspond à un cas grammatical. Dans le contexte du النداء (an-nidā’), lorsque le المنادى (al-munādā) est مبني (mabnī), il est considéré comme étant en position d’accusatif (في محل نصب – fī maḥalli naṣb), en accord avec son origine de مفعول به (mafʿūl bihi) d’un verbe d’appel sous-entendu.
La règle générale pour le المنادى المبني (al-munādā al-mabnī) est la suivante : il est construit sur la voyelle ou la terminaison qu’il aurait s’il était au cas nominatif (يُبنى على ما يُرفع به – yubnā ʿalā mā yurfaʿu bihi), tout en étant en position d’accusatif (في محل نصب – fī maḥalli naṣb).3 Pour un francophone, cette notion d’un mot portant une marque de nominatif (comme la ḍammah) tout en étant « en position d’accusatif » peut être l’un des aspects les plus déroutants de l’Iʿrāb du المنادى (al-munādā), car le français marque les fonctions différemment. La clé est de toujours se souvenir de l’idée du مفعول به (mafʿūl bihi) implicite.
Il existe deux principaux cas où le المنادى (al-munādā) est مبني (mabnī) :
Cas 1 : Le Nom Propre Singulier (العلم المفرد – Al-ʿAlam al-Mufrad)
- Définition : Il s’agit d’un nom propre (nom de personne, de lieu, etc.) qui est « mufrad ». Ici, le terme مفرد (mufrad) ne signifie pas nécessairement « singulier » en nombre, mais plutôt « non-composé » ou « non-annexé », c’est-à-dire qu’il n’est ni le premier terme d’une annexion (مضاف – muḍāf) ni similaire à une annexion (شبيه بالمضاف – shabīh bil-muḍāf).3 Ainsi, un nom propre au duel ou au pluriel peut également être considéré comme علم مفرد (ʿalam mufrad) dans ce contexte, tant qu’il n’est pas en état d’annexion.
- Règle d’I’rab : Le المنادى علم مفرد (al-munādā ʿalam mufrad) est مبني على الضم (mabnī ʿalā ḍ-ḍamm – invariable sur la ḍammah) s’il est singulier ou un pluriel irrégulier se terminant par une ḍammah au nominatif. S’il s’agit d’un duel, il sera مبني على الألف (mabnī ʿalā l-ʾalif – invariable sur l’alif). S’il s’agit d’un pluriel masculin régulier, il sera مبني على الواو (mabnī ʿalā l-wāw – invariable sur le wāw). Dans tous ces cas, il est في محل نصب (fī maḥalli naṣb – en position d’accusatif).3
- Exemples :
- يامحمدُ (Yā Muḥammadu) – Ô Muhammad! I’rab : محمدُ : منادى علم مفرد مبني على الضم في محل نصب (munādā ʿalam mufrad mabnī ʿalā ḍ-ḍamm fī maḥalli naṣb). 3
- يا فاطمةُ (Yā Fāṭimatu) – Ô Fatima!
- يا دمشقُ (Yā Dimashqu) – Ô Damas!
- يا محمدانِ (Yā Muḥammadāni) – Ô les deux Muhammad! I’rab : محمدانِ : منادى علم مفرد مبني على الألف في محل نصب (munādā ʿalam mufrad mabnī ʿalā l-ʾalif fī maḥalli naṣb).
- يامحمدونَ (Yā Muḥammadūna) – Ô les Muhammad (pluriel)! I’rab : محمدونَ : منادى علم مفرد مبني على الواو في محل نصب (munādā ʿalam mufrad mabnī ʿalā l-wāw fī maḥalli naṣb).
- Cas particulier : Pour les noms propres qui sont déjà مبني (mabnī) par nature (comme le nom du grammairien سيبويهِ – Sībawayhi, qui est invariable sur la kasrah) ou ceux qui se terminent par un alif maqsura (comme موسى – Mūsā ou ليلى – Laylā), le المنادى (al-munādā) est considéré comme مبني على الضم المقدر (mabnī ʿalā ḍ-ḍamm al-muqaddar – invariable sur une ḍammah sous-entendue), toujours في محل نصب (fī maḥalli naṣb).
Cas 2 : L’Indéfini Spécifié (النكرة المقصودة – An-Nakirah al-Maqṣūdah)
- Définition : Il s’agit d’un nom commun (نكرة – nakirah), donc grammaticalement indéfini, mais qui, dans le contexte de l’appel, désigne une personne ou une chose spécifique et bien déterminée dans l’esprit du locuteur.1 Le terme مقصودة (maqṣūdah) signifie « visée », « intentionnée ». Par exemple, un enseignant dans une classe qui dit يا تلميذُ، انتبهْ (Yā tilmīdhu, intabih – Ô élève, sois attentif!) s’adresse à un élève particulier qu’il a en vue, même s’il utilise le mot « élève » de manière indéfinie.
- Règle d’I’rab : Similaire au علم مفرد (ʿalam mufrad), le المنادى نكرة مقصودة (al-munādā nakirah maqṣūdah) est مبني على ما يُرفع به (mabnī ʿalā mā yurfaʿu bihi – invariable sur la voyelle/terminaison du nominatif : ḍammah pour le singulier et le pluriel irrégulier, alif pour le duel, waˉw pour le pluriel masculin régulier), et il est في محل نصب (fī maḥalli naṣb – en position d’accusatif).3
- Exemples :
- يارجلُ (Yā rajulu) – Ô homme (celui que je vise)! I’rab : رجلُ : منادى نكرة مقصودة مبني على الضم في محل نصب (munādā nakirah maqṣūdah mabnī ʿalā ḍ-ḍamm fī maḥalli naṣb). 3
- ياطالبُ (Yā ṭālibu) – Ô étudiant (celui que j’interpelle spécifiquement)!
- يامعلمانِ (Yā muʿallimāni) – Ô vous deux enseignants (que je désigne)! I’rab : معلمانِ : منادى نكرة مقصودة مبني على الألف في محل نصب (munādā nakirah maqṣūdah mabnī ʿalā l-ʾalif fī maḥalli naṣb). 1
- يامسلمونَ (Yā muslimūna) – Ô Musulmans (ceux que j’ai en tête)! I’rab : مسلمونَ : منادى نكرة مقصودة مبني على الواو في محل نصب (munādā nakirah maqṣūdah mabnī ʿalā l-wāw fī maḥalli naṣb). 3
- ياطبيبونَ (Yā ṭabībūna) – Ô médecins (ceux que je vise)! 1
La distinction entre العلم المفرد (al-ʿalam al-mufrad) et النكرة المقصودة (an-nakirah al-maqṣūdah) réside dans la nature intrinsèque du mot utilisé (nom propre vs. nom commun). Cependant, leur traitement grammatical dans le cadre du النداء (an-nidā’) est identique : tous deux sont مبني (mabnī) et en position d’accusatif. La difficulté pour l’apprenant est donc de correctement identifier la catégorie du المنادى (al-munādā) avant d’appliquer la règle d’Iʿrāb.
5. L’Analyse Grammaticale (الإعراب) du المنادى : Les Cas de Déclinaison à l’Accusatif (المعرب المنصوب – Al-Muʿrab al-Manṣūb)
Contrairement aux cas où le المنادى (al-munādā) est مبني (mabnī – invariable), il existe trois situations où il est معرب منصوب (muʿrab manṣūb), c’est-à-dire qu’il est déclinable et prend directement la marque du cas accusatif. Cette marque est typiquement la fatḥah (ـَ) pour les noms singuliers et les pluriels irréguliers, le yaˉʾ (ـي) pour le duel et le pluriel masculin régulier, la kasrah (ـِ) (en remplacement de la fatḥah) pour le pluriel féminin régulier, et l’ alif (ـا) pour les « Cinq Noms » (الأسماء الخمسة – al-asmāʾ al-khamsah).
Cas 3 : L’Annexé (المضاف – Al-Muḍāf)
- Définition : Le المنادى (al-munādā) est le premier terme (المضاف – al-muḍāf) d’une structure d’annexion (إضافة – iḍāfah). Il est immédiatement suivi d’un deuxième terme, le مضاف إليه (muḍāf ilayhi – complément du nom), qui est au cas génitif.1 Le المنادى المضاف (al-munādā al-muḍāf) ne prend jamais de tanwıˉn.
- Règle d’I’rab : Il est directement منصوب (manṣūb – à l’accusatif).1
- Exemples :
- ياطالبَالعلمِ (Yā ṭāliba l-ʿilmi) – Ô étudiant (chercheur) de science! I’rab : طالبَ : منادى مضاف منصوب وعلامة نصبه الفتحة الظاهرة (munādā muḍāf manṣūb wa ʿalāmatu naṣbihi l-fatḥatu ẓ-ẓāhirah). العلمِ est مضاف إليه (muḍāf ilayhi). 1
- ياعبدَاللهِ (Yā ʿabda llāhi) – Ô serviteur d’Allah! 7
- ياأميرَالمؤمنين (Yā amīra l-muʾminīna) – Ô Commandeur des croyants! 1
- ياطالِبَيْالعلمِ (Yā ṭālibayi l-ʿilmi) – Ô vous deux étudiants de science! (I’rab : طالِبَيْ : منادى مضاف منصوب وعلامة نصبه الياء لأنه مثنى -… manṣūb bil-yāʾ liʾannahu muthannā).1 Notez la suppression du nuˉn du duel.
- ياصاحِبَيْالسيارةِ (Yā ṣāḥibayi s-sayyārati) – Ô vous deux propriétaires de la voiture! (منصوب بالياء)
- يامعلمِيالمدرسةِ (Yā muʿallimī l-madrasati) – Ô enseignants de l’école! (I’rab : معلمِي : منادى مضاف منصوب وعلامة نصبه الياء لأنه جمع مذكر سالم -… manṣūb bil-yāʾ liʾannahu jamʿ mudhakkar sālim). Notez la suppression du nuˉn du pluriel.
- ياطالباتِالعلمِ (Yā ṭālibāti l-ʿilmi) – Ô étudiantes de science! (I’rab : طالباتِ : منادى مضاف منصوب وعلامة نصبه الكسرة نيابة عن الفتحة لأنه جمع مؤنث سالم -… manṣūb bil-kasrati niyābatan ʿan il-fatḥati liʾannahu jamʿ muʾannath sālim).
- ياأبابكرٍ (Yā Abā Bakrin) – Ô père de Bakr! (I’rab : أبا : منادى مضاف منصوب وعلامة نصبه الألف لأنه من الأسماء الخمسة -… manṣūb bil-ʾalif liʾannahu min al-asmāʾ al-khamsah).7
Cas 4 : Le Similaire à l’Annexé (الشبيه بالمضاف – Ash-Shabīh bil-Muḍāf)
- Définition : Le المنادى الشبيه بالمضاف (al-munādā ash-shabīh bil-muḍāf) est un المنادى (al-munādā) qui, bien que n’étant pas formellement le premier terme d’une annexion, est suivi d’un élément qui complète son sens et lui est grammaticalement lié. Cet élément peut être un complément régi par le المنادى (al-munādā) (si celui-ci est un participe actif, passif, ou une صفة مشبهة – ṣifah mushabbahah), ou un complément introduit par une préposition (جار ومجرور – jarr wa majrūr) se rapportant au المنادى (al-munādā).1 Contrairement au المضاف (al-muḍāf), le الشبيه بالمضاف (ash-shabīh bil-muḍāf) singulier prend généralement le tanwıˉn de l’accusatif.
- Règle d’I’rab : Il est directement منصوب (manṣūb – à l’accusatif).1
- Exemples :
- ياطالعًاجبلًا (Yā ṭāliʿan jabalan) – Ô toi qui gravis une montagne! I’rab : طالعًا : منادى شبيه بالمضاف منصوب وعلامة نصبه الفتحة. جبلًا est مفعول به (mafʿūl bihi) pour le participe actif طالعًا. 1
- يا كريمًا خلقُهُ (Yā karīman khuluquhu) – Ô toi dont le caractère est noble! I’rab : كريمًا : منادى شبيه بالمضاف منصوب وعلامة نصبه الفتحة. خلقُهُ est فاعل (fāʿil) pour la صفة مشبهة (ṣifah mushabbahah) كريمًا.
- يا عابرًا البحرَ (Yā ʿābiran al-baḥra) – Ô toi qui traverses la mer! 1
- يا كثيرًا فضلُهُ (Yā kathīran faḍluhu) – Ô toi dont la bonté est abondante!
- يا مسافرًا إلىمكةَ (Yā musāfiran ilā Makkata) – Ô voyageur (en partance) pour La Mecque! I’rab : مسافرًا : منادى شبيه بالمضاف منصوب وعلامة نصبه الفتحة. إلى مكةَ est un جار ومجرور (jarr wa majrūr) qui complète le sens de مسافرًا.
La distinction entre المضاف (al-muḍāf) et الشبيه بالمضاف (ash-shabīh bil-muḍāf) peut parfois être subtile. Un indice clé est la présence du tanwıˉn (ou du nuˉn du duel/pluriel) sur le الشبيه بالمضاف (ash-shabīh bil-muḍāf), alors que le المضاف (al-muḍāf) ne les prend jamais.
Cas 5 : L’Indéfini Non Spécifié (النكرة غير المقصودة – An-Nakirah Ghayr al-Maqṣūdah)
- Définition : Il s’agit d’un nom commun (نكرة – nakirah) utilisé pour s’adresser de manière générale à toute personne ou chose correspondant à ce nom, sans viser un individu ou un objet spécifique. L’appel est impersonnel et s’adresse à une catégorie.1 Ce type de المنادى (al-munādā) est souvent suivi d’une demande, d’un conseil ou d’une interdiction à portée générale.
- Règle d’I’rab : Il est directement منصوب (manṣūb – à l’accusatif), et prend typiquement le tanwıˉnal−fatḥ (double fatḥah) s’il est singulier.1
- Exemples :
- يا رجلًا،خذْ بيدي (Yā rajulan, khudh bi-yadī) – Ô homme (n’importe lequel), prends ma main! (Phrase typiquement attribuée à un aveugle s’adressant à un passant inconnu).1
- يا غافلًا،تنبَّهْ (Yā ghāfilan, tanabbah) – Ô personne inattentive (n’importe laquelle), sois attentive!
- يا مسلمةً،اتقِ اللهَ (Yā muslimatan, ittaqi llāha) – Ô musulmane (n’importe laquelle), crains Allah! 1
- ياحاكمًا،اعدلْ في حكمكَ (Yā ḥākiman, iʿdil fī ḥukmika) – Ô dirigeant (n’importe lequel), sois juste dans ton jugement! 1
- يا عمالًا، أتقنواعملكم (Yā ʿummālan, atqinū ʿamalakum) – Ô ouvriers (en général), perfectionnez votre travail!
Le contraste entre النكرة المقصودة (an-nakirah al-maqṣūdah) (qui est مبني – mabnī) et النكرة غير المقصودة (an-nakirah ghayr al-maqṣūdah) (qui est منصوب – manṣūb) est fondamental. La différence d’Iʿrāb reflète une différence d’intention du locuteur : viser une entité spécifique versus s’adresser à une catégorie générale. La forme (terminaison du mot) est donc un indicateur crucial de cette intention.
Tableau Récapitulatif 2: Les Cinq États du المنادى et Leur I’rab
Pour synthétiser ces règles complexes, le tableau suivant présente les cinq états du المنادى (al-munādā), leur description, leur règle d’Iʿrāb, et un exemple illustratif. Ce type de présentation visuelle est particulièrement utile pour les apprenants francophones afin de comparer et de mémoriser les différentes configurations.3
État du المنادى (Type) | Description | Règle d’I’rab (Cas/Terminaison) | Exemple (Arabe) | Exemple (Transcription) | I’rab Simplifié de l’Exemple (Munādā) | Traduction Française de l’Exemple |
1. العلم المفرد (Al−ʿAlamal−Mufrad) | Nom propre non-annexé (personne, lieu). | مبني على ما يُرفع به (الضم، الألف، الواو) في محل نصب (Mabnī ʿalā mā yurfaʿu bihi fī maḥalli naṣb) | ياخالدُ | Yā Khālidu | خالدُ: منادى مبني على الضم في محل نصب | Ô Khalid! |
2. النكرة المقصودة (An−Nakirahal−Maqṣuˉdah) | Nom commun indéfini désignant une personne/chose spécifique visée par l’appel. | مبني على ما يُرفع به (الضم، الألف، الواو) في محل نصب (Mabnī ʿalā mā yurfaʿu bihi fī maḥalli naṣb) | ياشرطيُّ | Yā shurṭiyyu | شرطيُّ: منادى مبني على الضم في محل نصب | Ô policier (celui-ci)! |
3. المضاف (Al−Muḍaˉf) | Nom en état d’annexion (premier terme d’une إضافة – iḍāfah). | منصوب (Manṣūb) – Accusatif (par fatḥah, yaˉʾ, kasrah, alif) | ياطالبَالعلمِ | Yā ṭāliba l-ʿilmi | طالبَ: منادى منصوب بالفتحة (وهو مضاف) | Ô étudiant de science! |
4. الشبيه بالمضاف (Ash−Shabıˉhbil−Muḍaˉf) | Nom suivi d’un complément de sens, non-annexé formellement (souvent avec tanwıˉn). | منصوب (Manṣūb) – Accusatif (généralement par fatḥah avec tanwıˉn) | ياقارئًاكتابًا | Yā qāriʾan kitāban | قارئًا: منادى منصوب بالفتحة | Ô lecteur d’un livre! (toi qui lis un livre) |
5. النكرة غير المقصودة (An−NakirahGhayral−Maqṣuˉdah) | Nom commun indéfini, appel général à une catégorie non spécifique. | منصوب (Manṣūb) – Accusatif (généralement par fatḥah avec tanwıˉn) | يامسافرًا،كنحذرًا | Yā musāfiran, kun ḥadhiran | مسافرًا: منادى منصوب بالفتحة | Ô voyageur (n’importe lequel), sois prudent! |
6. Cas Particuliers d’Appel
Au-delà des cinq états principaux du المنادى (al-munādā), la grammaire arabe présente quelques cas particuliers d’appel qui méritent une attention spécifique. Ces cas impliquent des règles ou des constructions distinctes, souvent rencontrées dans la langue.
Interpeller un nom défini par l’article ال (al-) :
Une règle fondamentale stipule qu’on ne peut généralement pas faire précéder directement un nom défini par l’article ال (al-) d’une particule d’appel (comme يا). La seule exception majeure à cette règle est le nom divin الله (Allah). Pour tous les autres noms définis par ال (al-), il est nécessaire d’intercaler une structure spécifique entre la particule d’appel et le nom :
- Pour le masculin : on utilise أيها (ʾayyuhā).
- Pour le féminin : on utilise أيتها (ʾayyatuhā).
Ces formes sont généralement précédées de la particule يا (yā).
- Exemples :
- يا أيها الرجلُ (Yā ʾayyuhā r-rajulu) – Ô homme!
- يا أيتها الفتاةُ (Yā ʾayyatuhā l-fatātu) – Ô jeune fille!
- يا أيها الناسُ (Yā ʾayyuhā n-nāsu) – Ô gens!
- يا أيها الذين آمنوا (Yā ʾayyuhā lladhīna ʾāmanū) – Ô vous qui avez cru! 3
- Analyse grammaticale (Iʿrāb) détaillée de cette structure :
La structure يا أيها الرجلُ (Yā ʾayyuhā r-rajulu) se décompose comme suit :
- يا (Yā) : حرف نداء مبني على السكون لا محل له من الإعراب (ḥarf nidāʾ mabnī ʿalā s-sukūn lā maḥalla lahu min al-iʿrāb) – Particule d’appel, invariable sur le sukūn, sans position grammaticale.
- أيُّ (ʾayyu) (dans أيها) : C’est lui le المنادى (al-munādā). Il est منادى مبني على الضم في محل نصب (munādā mabnī ʿalā ḍ-ḍamm fī maḥalli naṣb) – المنادى (al-munādā) invariable sur la ḍammah, en position d’accusatif.
- ها (hā) : حرف تنبيه مبني على السكون لا محل له من الإعراب (ḥarf tanbīh mabnī ʿalā s-sukūn lā maḥalla lahu min al-iʿrāb) – Particule d’avertissement ou d’emphase, invariable sur le sukūn, sans position grammaticale.
- الرجلُ (Ar-rajulu) : Le nom défini par ال (al-) qui suit أيها (ʾayyuhā) est toujours au cas nominatif (مرفوع – marfūʿ). Son Iʿrāb précis dépend de sa nature :
- S’il est جامد (jāmid – nom non dérivé, primitif), il est considéré comme بدل (badal – apposition ou substitut) de أيُّ (ʾayyu).
- S’il est مشتق (mushtaqq – nom dérivé, comme un participe), il est considéré comme نعت (naʿt – adjectif qualificatif ou épithète) de أيُّ (ʾayyu).
Cette construction, bien que complexe en apparence, est très fréquente. Pour un francophone, l’idée d’insérer أيها (ʾayyuhā) ou أيتها (ʾayyatuhā) pour appeler un nom défini par « le/la » est une structure entièrement nouvelle et peut sembler contre-intuitive par rapport à une interpellation directe comme « Ô l’homme! ». La décomposition de chaque élément est donc essentielle pour une bonne assimilation.
L’appel de الله (Allah) :
Le nom divin الله (Allah) constitue une exception à la règle précédente concernant les noms définis par ال (al-). On peut l’interpeller de deux manières principales :
- Directement avec la particule يا (yā) : يا اللهُ (Yā Allāhu) – Ô Allah! Dans ce cas, l’article ال (al-) est considéré comme faisant partie intégrante et inséparable du nom propre divin.
- En utilisant la forme اللهمَّ (Allāhumma) – Ô Allah! Ici, la particule يا (yā) est omise, et la terminaison ـمَّ (-mma), un mīm géminé avec une fatḥah, est considérée par de nombreux grammairiens comme une compensation pour la particule d’appel supprimée.3
Le المنادى المضاف à ياء المتكلم (Al-Munādā al-Muḍāf à Yāʾ al-Mutakallim – Le Munādā annexé au pronom de la première personne « mon/ma ») :
Lorsqu’on interpelle une personne ou une chose qui nous appartient ou nous est chère, en utilisant un nom annexé au pronom possessif de la première personne ياء المتكلم (yāʾ al-mutakallim – le « yāʾ » du locuteur, signifiant « mon/ma »), des règles phonétiques et morphologiques particulières s’appliquent.
- Exemple de base : يا صديقي (Yā ṣadīqī) – Ô mon ami! 3
- Dans ce cas, le المنادى (al-munādā) (صديق – ṣadīq) est مضاف (muḍāf), et donc théoriquement منصوب (manṣūb). Cependant, la présence du ياء المتكلم (yāʾ al-mutakallim) entraîne des adaptations. La voyelle finale du nom avant le ياء (yāʾ) est souvent une kasrah pour faciliter la prononciation. Le ياء (yāʾ) lui-même peut porter un sukuˉn (يا صديقيْ – yā ṣadīqī) ou une fatḥah (يا صديقيَ – yā ṣadīqiya).
- Il existe aussi des cas où le ياء المتكلم (yāʾ al-mutakallim) peut être omis, tout en maintenant la kasrah sur la dernière lettre du nom : ياربِّ (Yā Rabbi) pour ياربي (Yā Rabbī) – Ô mon Seigneur!
- Une forme notable est l’utilisation de la lettre ت (tāʾ) à la place du ياء المتكلم (yāʾ al-mutakallim) lorsqu’on interpelle son père ou sa mère :
- يا أبتِ (Yā abati) – Ô mon père! (au lieu de يا أبي – yā abī) 3
- يا أمتِ (Yā ummati) – Ô ma mère! (au lieu de يا أمي – yā ummī) 3 Cette substitution est une particularité de la langue arabe classique, souvent perçue comme une marque de tendresse ou de respect.
الترخيم (At-Tarkhīm) – Apocope dans l’appel :
Le الترخيم (at-tarkhīm) est un phénomène linguistique qui consiste à supprimer la dernière lettre (ou parfois les deux dernières lettres) d’un nom lorsqu’il est utilisé comme المنادى (al-munādā).3 Cette apocope (raccourcissement) est souvent employée par affection, pour adoucir l’appel, ou par familiarité, un peu comme l’usage de diminutifs ou de surnoms en français.
- Exemple : Pour le prénom عائشةُ (ʿĀʾishatu), on peut trouver en tarkhīm :
- يا عائشَ (Yā ʿĀʾisha) – en gardant la fatḥah de la lettre précédant la lettre supprimée (le taˉʾmarbuˉṭah).
- يا عائشُ (Yā ʿĀʾishu) – en donnant à la lettre précédant la lettre supprimée la ḍammah que le nom aurait eu s’il n’avait pas été apocopé (car عائشة serait un علم مفرد – ʿalam mufrad). 3
- L’Iʿrāb du المنادى المرخم (al-munādā al-murakhkham – le munādā apocopé) est généralement : منادى مرخم مبني على الضم ( الظاهر أو المقدر على الحرف المحذوف) في محل نصب (munādā murakhkham mabnī ʿalā ḍ-ḍamm [aẓ-ẓāhir aw al-muqaddar ʿalā l-ḥarf al-maḥdhūf] fī maḥalli naṣb) – المنادى (al-munādā) apocopé, invariable sur la ḍammah (apparente ou sous-entendue sur la lettre supprimée), en position d’accusatif.
Ces cas particuliers, bien que spécifiques, enrichissent la compréhension du النداء (an-nidā’) et montrent sa flexibilité et ses nuances au-delà des règles de base. Ils témoignent de l’évolution de la langue et de ses usages expressifs.
7. Comparaisons Utiles pour les Francophones
Pour faciliter l’assimilation des concepts du النداء (an-nidā’) en arabe, il est instructif d’établir des parallèles et des contrastes avec la manière dont l’interpellation est gérée en langue française. Ces comparaisons peuvent aider à mieux cerner les spécificités du système arabe.
- L’apostrophe en français vs. l’appel direct en arabe :
En français, lorsqu’un nom est utilisé en apostrophe pour interpeller quelqu’un (par exemple, « Marie, écoute! »), ce nom est souvent syntaxiquement détaché du reste de la phrase, généralement par des virgules. D’un point de vue grammatical strict, il est parfois considéré comme n’ayant pas de fonction grammaticale propre au sein de la proposition principale ; il est en quelque sorte « hors phrase » ou indépendant.
En arabe, en revanche, le المنادى (al-munādā) est pleinement intégré à la structure grammaticale. Comme nous l’avons vu, il est analysé comme étant à l’origine un مفعول به (mafʿūl bihi – complément d’objet direct) d’un verbe d’appel sous-entendu, et son cas grammatical (Iʿrāb) est directement affecté par cette fonction. - Comparaison :
- Français : « Marie, écoute! » (« Marie » est en apostrophe).
- Arabe : يا مريمُ، استمعي! (Yā Maryamu, istamiʿī!). Ici, مريمُ est un منادى علم مفرد مبني على الضم في محل نصب (munādā ʿalam mufrad mabnī ʿalā ḍ-ḍamm fī maḥalli naṣb). Cette différence de traitement grammatical est fondamentale. Les apprenants francophones ne doivent donc pas se contenter de traduire « Ô » par يا (yā) sans comprendre les conséquences grammaticales pour le nom qui suit en arabe.
- Absence fréquente de particule d’appel en français vs. usage plus systématique en arabe :
Dans de nombreuses situations courantes en français, l’interpellation se fait sans particule explicite, l’intonation suffisant : « Jean, tu viens? ».
En arabe, bien que l’omission de la particule d’appel soit possible si le contexte est suffisamment clair pour que l’appel soit compris, son usage est généralement plus systématique et attendu, surtout dans un registre de langue soutenu ou pour marquer clairement l’interpellation. - Comparaison :
- Français : « Les enfants, à table! »
- Arabe : يا أولادُ، إلى المائدةِ! (Yā awlādu, ilā l-māʾidati!) ou, plus formellement avec ال (al-), يا أيها الأولادُ، إلى المائدةِ! (Yā ʾayyuhā l-ʾawlādu, ilā l-māʾidati!).
- Expression des nuances de distance et de formalité :
L’arabe dispose, comme nous l’avons vu, de particules spécifiques pour marquer la distance perçue de l’interlocuteur (أ (ʾa), أيْ (ʾay) pour le proche ; أيا (ʾayā), هيا (hayā) pour le lointain).1
Le français, pour sa part, exprime ces nuances de distance, de formalité ou d’affectivité principalement par :
- L’intonation.
- Le choix lexical (par exemple, « Monsieur! » pour une interpellation formelle ou distante, par opposition à un simple prénom entre amis).
- L’emploi de titres de civilité (« Docteur Dupont, s’il vous plaît. »).
- Des adverbes ou des expressions modales (« Viens ici tout de suite! » vs. « Pourriez-vous approcher, s’il vous plaît? »). Le français se repose donc davantage sur des éléments pragmatiques et contextuels, là où l’arabe a grammaticalisé certaines de ces nuances à travers son système de particules. Cela peut conduire les francophones à sous-estimer l’importance du choix de la particule en arabe.
- Le « Ô » vocatif français :
L’interjection « Ô » en français est ce qui se rapproche le plus fonctionnellement de la particule arabe يا (yā). Cependant, son usage en français moderne est moins fréquent et tend à être réservé à des contextes plus littéraires, poétiques, solennels ou religieux. - Comparaison :
- Français : « Ô mon Dieu! »
- Arabe : يا إلهي! (Yā Ilāhī!) ou ياربِّ! (Yā Rabbī!).
- Français : « Ô Patrie! »
- Arabe : يا وطني! (Yā waṭanī!).
- Interpeller des groupes définis :
Lorsqu’on interpelle un groupe désigné par un nom commun défini par un article en français, la structure est directe : « Les enfants, venez! ».
En arabe, si le groupe est désigné par un nom commun défini par ال (al-), la structure ياأيها (Yā ʾayyuhā) (ou ياأيتها – Yā ʾayyatuhā pour le féminin) est requise : يا أيها الأطفالُ، تعالوا! (Yā ʾayyuhā l-ʾaṭfālu, taʿālaw!).
Ces points de comparaison visent à éclairer les apprenants francophones sur les convergences et, surtout, les divergences entre les deux systèmes linguistiques. Comprendre ces différences est une étape clé pour éviter les calques et pour utiliser le النداء (an-nidā’) arabe de manière correcte et naturelle.
8. Erreurs Fréquentes des Francophones et Comment les Éviter
L’apprentissage d’une nouvelle langue implique souvent de naviguer à travers les interférences de sa langue maternelle. Pour les francophones apprenant l’arabe, certaines erreurs sont courantes lors de l’utilisation des particules d’appel (حروف النداء – ḥurūf an-nidā’) et de l’analyse grammaticale (Iʿrāb) du nom interpellé (المنادى – al-munādā). Anticiper ces erreurs est une démarche pédagogique proactive qui peut grandement faciliter l’apprentissage.
- Erreur 1 : Confusion dans le choix de la particule d’appel (distance/usage).
- Explication : Les francophones ont tendance à utiliser la particule يا (yā) de manière quasi systématique, sans toujours tenir compte des nuances de proximité ou d’éloignement pour lesquelles des particules comme أ (ʾa), أيْ (ʾay) (pour le proche) ou أيا (ʾayā), هيا (hayā) (pour le lointain) seraient plus appropriées ou idiomatiques.
- Exemple erroné (pour un ami juste à côté) : يا أحمد،أنت هنا؟ (transcription : Yā Aḥmad, anta hunā?)
- Correction/Suggestion : أَأحمدُ،أنت هنا؟ (ʾA-Aḥmadu, anta hunā?) ou أيْ أحمدُ، هل أنت هنا؟ (ʾAy Aḥmadu, hal anta hunā?).
- Raison probable : Le français n’ayant pas un système de particules d’appel aussi différencié en fonction de la distance, l’apprenant peut ne pas percevoir l’importance de ce choix en arabe ou simplement opter pour la particule la plus générale.
- Erreur 2 : Erreurs d’Iʿrāb du المنادى المبني (Al-Munādā al-Mabnī).
- Sous-erreur : Marquer incorrectement un العلم المفرد (ʿalam mufrad – nom propre) ou une نكرة مقصودة (nakirah maqṣūdah – indéfini spécifié) comme منصوب (manṣūb) avec une fatḥah au lieu de le considérer comme مبني على الضم (mabnī ʿalā ḍ-ḍamm) (ou sur ce qui le remplace) في محل نصب (fī maḥalli naṣb).
- Explication : C’est l’une des erreurs les plus fréquentes. L’apprenant oublie que ces deux types de المنادى (al-munādā) sont invariables sur la voyelle qu’ils auraient au nominatif (généralement la ḍammah pour les singuliers) tout en étant en position d’accusatif.
- Exemple erroné (Nom Propre) : يا محمدَ، تعالَ! (Yā Muḥammada, taʿāla!)
- Correction : يامحمدُ، تعالَ! (Yā Muḥammadu, taʿāla!)
- Exemple erroné (Nakirah Maqṣūdah, en s’adressant à un homme précis) : يا رجلَ، انظر! (transcription : Yā rajula, unẓur!)
- Correction : يا رجلُ، انظر! (Yā rajulu, unẓur!)
- Raison probable : L’influence de la règle générale selon laquelle le مفعول به (mafʿūl bihi – complément d’objet direct) est منصوب (manṣūb). Le concept de « مبني في محل نصب » (mabnī fī maḥalli naṣb – invariable en position d’accusatif) est souvent difficile à assimiler pour les francophones, dont la langue ne possède pas un système de cas morphologiques aussi explicite pour les noms.
- Erreur 3 : Erreurs d’Iʿrāb du المنادى المعرب المنصوب (Al-Munādā al-Muʿrab al-Manṣūb).
- Sous-erreur 3a : Oubli du tanwıˉnal−fatḥ (double fatḥah) pour le منادى نكرة غير مقصودة (munādā nakirah ghayr maqṣūdah – indéfini non spécifié) singulier.
- Explication : Le tanwıˉn est une caractéristique de l’indétermination pour les noms déclinables, et sa forme fatḥah est typique de l’accusatif indéfini. Cette notion n’a pas d’équivalent direct en français.
- Exemple erroné (appel général à un étudiant) : يا طالبَ، ادرس بجد! (transcription : Yā ṭāliba, idrus bi-jidd!)
- Correction : يا طالبًا، ادرس بجد! (Yā ṭāliban, idrus bi-jidd!)
- Raison probable : Le tanwıˉn est un concept spécifiquement arabe. L’apprenant peut omettre cette marque d’indéfinition à l’accusatif.1
- Sous-erreur 3b : Difficultés avec l’état d’annexion (المضاف – al-muḍāf) et le شبيه بالمضاف (ash-shabīh bil-muḍāf).
- Explication : Confusion entre ces deux types de المنادى (al-munādā), notamment en ce qui concerne la présence ou l’absence du tanwıˉn (ou du nuˉn du duel/pluriel). Le المضاف (al-muḍāf) (premier terme de l’annexion) ne prend jamais de tanwıˉn ni de nuˉn de duel/pluriel, alors que le الشبيه بالمضاف (ash-shabīh bil-muḍāf) singulier en prend souvent un, et conserve le nuˉn au duel/pluriel.
- Exemple erroné (Muḍāf traité comme Shabīh) : يا طالبًا العلمِ، اجتهد! (transcription : Yā ṭāliban al-ʿilmi, ijtahid!)
- Correction : يا طالبَ العلمِ، اجتهد! (Yā ṭāliba l-ʿilmi, ijtahid!)
- Exemple erroné (Shabīh traité comme Muḍāf) : يا حافظَ القرآنِ،بارك الله فيك! (transcription : Yā ḥāfiẓa lil-Qurʾāni, bāraka llāhu fīk!) (en supposant que « حافظ » est suivi de « للقرآن » comme complément)
- Correction : يا حافظًا للقرآنِ، باركاللهفيك! (Yā ḥāfiẓan lil-Qurʾāni, bāraka llāhu fīk!)
- Raison probable : La structure de l’annexion (إضافة – iḍāfah) et ce qui y « ressemble » (الشبيه بالمضاف – ash-shabīh bil-muḍāf) sont des concepts grammaticaux complexes. Le français utilise la préposition « de » pour exprimer la possession ou la relation, ce qui est structurellement différent.1
- Erreur 4 : Difficultés avec l’utilisation et l’Iʿrāb de أيها/أيتها (ʾayyuhā/ʾayyatuhā).
- Sous-erreur 4a : Omission de أيها/أيتها (ʾayyuhā/ʾayyatuhā) devant un nom défini par ال (al-).
- Exemple erroné : يا الناس،اسمعوا! (transcription : Yā an-nāsa, ismaʿū!)
- Correction : يا أيها الناسُ، اسمعوا! (Yā ʾayyuhā n-nāsu, ismaʿū!)
- Raison probable : C’est une règle spécifique à l’arabe qui n’a pas d’équivalent direct en français, où l’on dirait « Ô les gens! ». L’apprenant peut donc tenter un calque direct.
- Sous-erreur 4b : Mauvais Iʿrāb du nom qui suit أيها/أيتها (ʾayyuhā/ʾayyatuhā), en le mettant à l’accusatif au lieu du nominatif.
- Exemple erroné : يا أيها الرجلَ، ساعدني! (transcription : Yā ʾayyuhā ar-rajula, sāʿidnī!)
- Correction : يا أيها الرجلُ، ساعدني! (Yā ʾayyuhā ar-rajulu, sāʿidnī!)
- Raison probable : Confusion due au fait que أيُّ/أيَّةُ (ʾayyu/ʾayyatu) est lui-même في محل نصب (fī maḥalli naṣb). L’apprenant pourrait penser, par extension incorrecte, que le nom qui suit doit également être à l’accusatif.
- Erreur 5 : Interférence de la prononciation française sur les particules ou le المنادى (al-munādā).
- Explication : Difficulté à prononcer correctement certains phonèmes arabes spécifiques (comme le ع dans عبد الله – ʿAbd Allāh, le هـ dans هيا – hayā, ou les emphatiques) qui n’existent pas en français.
- Exemple (transcription de la prononciation erronée) : « Ya Abdalla » (sans la prononciation distincte du ع – ʿayn) pour يا عبدَ اللهِ (Yā ʿAbda-llāhi). « Aya » (avec un H français muet ou un A initial simple) pour هيا (Hayā avec un هـ – hāʾ aspiré).
- Correction : Insister sur l’apprentissage et la pratique de la prononciation correcte des phonèmes arabes dès le début. L’utilisation de ressources audio et la répétition sont essentielles.
- Raison probable : Les systèmes phonologiques de l’arabe et du français diffèrent considérablement. Les francophones éprouvent souvent des difficultés avec les consonnes gutturales (ع,ح,هـ,خ,غ) et emphatiques (ص,ض,ط,ظ,ق) de l’arabe.8
La prise de conscience de ces erreurs potentielles, souvent liées à une compréhension encore partielle du système des cas en arabe (distinction mabnıˉ/muʿrab) ou à la tendance à calquer les structures du français, est la première étape pour les surmonter. Une pratique régulière, attentive aux détails de l’Iʿrāb et à la prononciation, est indispensable.
9. Exercices Pratiques (avec Corrigés)
La maîtrise des particules d’appel et du المنادى (al-munādā) en arabe passe inévitablement par la pratique. Les exercices suivants sont conçus pour vous aider à consolider vos connaissances théoriques et à développer votre compétence pratique. Prenez le temps de réfléchir à chaque question avant de consulter les corrigés.
Exercice 1 : Identifier la particule d’appel et son usage.
Pour chacune des phrases suivantes, identifiez la particule d’appel (أداة النداء – adāt an-nidā’) et indiquez son usage principal (appel proche, lointain, général, etc.).
- هيا جنودُ الوطنِ، دافعوا عن أرضكم!
- أَخالدُ، هل أنهيتَ واجبَكَ؟
- يا مسافرين إلى الشرقِ، رحلةً موفقةً!
- أيْ بنيَّ، استمعْ إلى نصيحتي.
- أيا غافلاً عن صلاتهِ، استيقظْ!
Exercice 2 : Déterminer l’état du المنادى (al-munādā) et son Iʿrāb.
Dans les phrases suivantes, le المنادى (al-munādā) est souligné. Déterminez son type (par exemple : علم مفرد, مضاف, نكرة مقصودة, etc.) et donnez son analyse grammaticale (Iʿrāb) complète.
- يا عبدَ الرحمنِ،كنْ صادقًا.
- يا سائقُ، لا تسرعْ. (en s’adressant à un chauffeur précis)
- يا طالبًا للعلمِ، ثابرْ.
- يا فاطمةُ ،ساعدي أمَّكِ.
- يا مظلومًا ،لكَ اللهُ. (appel général)
- يا أيها الطالبُ ،اجتهدْ. (Analysez أيُّ et الطالبُ)
Exercice 3 : Corriger les phrases erronées.
Les phrases suivantes contiennent des erreurs communes liées à l’usage des particules d’appel ou à l’Iʿrāb du المنادى (al-munādā). Identifiez chaque erreur, corrigez la phrase et expliquez brièvement la raison de la correction.
- يا أحمدَ، أينَ أنتَ؟
- يا طالبُ العلمِ، كنْ مجتهدًا. (en voulant dire « Ô étudiant de science »)
- يا رجلَ ، ساعدني! (dit par un aveugle dans la rue à n’importe quel passant)
- يا المعلمُ، اشرحْ الدرسَ مرةً أخرى.
- أَيا محمدُ، تعالَ بسرعة. (Mohammed est juste à côté)
Exercice 4 : Traduire des phrases du français vers l’arabe.
Traduisez les phrases françaises suivantes en arabe, en choisissant la particule d’appel appropriée et en appliquant les règles correctes pour l’Iʿrāb du المنادى (al-munādā).
- Ô Zaynab (proche), ouvre la fenêtre!
- Ô voyageurs (lointains, groupe masculin), que votre voyage soit sûr!
- Ô serviteur de Dieu, crains ton Seigneur!
- Ô musulman (n’importe lequel), ne mens pas!
- Ô les ingénieurs, votre travail est excellent!
Exercice 5 : Construction de phrases.
Construisez une phrase complète en arabe pour chacun des types de المنادى (al-munādā) suivants, en utilisant une particule d’appel appropriée :
- المنادى علم مفرد (munādā ʿalam mufrad) au duel.
- المنادى نكرة مقصودة (munādā nakirah maqṣūdah) au pluriel féminin.
- المنادى مضاف (munādā muḍāf) où le مضاف إليه (muḍāf ilayhi) est un pronom.
- المنادى شبيه بالمضاف (munādā shabīh bil-muḍāf).
- المنادى نكرة غير مقصودة (munādā nakirah ghayr maqṣūdah) au féminin singulier.
Corrigés des Exercices
Corrigé de l’Exercice 1 :
- Particule : هيا (hayā). Usage : Appel lointain.
- Particule : أ (ʾa) (Hamza). Usage : Appel proche.
- Particule : يا (yā). Usage : Appel général (proche ou lointain).
- Particule : أيْ (ʾay). Usage : Appel proche ou à distance moyenne.
- Particule : أيا (ʾayā). Usage : Appel lointain.
Corrigé de l’Exercice 2 :
- <u>عبدَ</u> : منادى مضاف منصوب وعلامة نصبه الفتحة الظاهرة على آخره، وهو مضاف. (الرحمنِ : مضاف إليه).
- <u>سائقُ</u> : منادى نكرة مقصودة مبني على الضم في محل نصب.
- <u>طالبًا</u> : منادى شبيه بالمضاف منصوب وعلامة نصبه الفتحة الظاهرة على آخره (تنوين الفتح).
- <u>فاطمةُ</u> : منادى علم مفرد مبني على الضم في محل نصب.
- <u>مظلومًا</u> : منادى نكرة غير مقصودة منصوب وعلامة نصبه الفتحة الظاهرة على آخره (تنوين الفتح).
- <u>أيُّ</u> (dans أيها) : منادى مبني على الضم في محل نصب. <u>الطالبُ</u> : نعت (لأن « طالب » مشتق) مرفوع وعلامة رفعه الضمة الظاهرة على آخره (ou بدل si considéré comme جامد par certains).
Corrigé de l’Exercice 3 :
- Erreur : ياأحمدَ. Le المنادى علم مفرد (al-munādā ʿalam mufrad) est مبني على الضم (mabnī ʿalā ḍ-ḍamm). Correction : يا أحمدُ، أينَ أنتَ؟
- Erreur : يا طالبُ العلمِ. Le المنادى مضاف (al-munādā muḍāf) est منصوب (manṣūb). Correction : يا طالبَ العلمِ، كنْ مجتهدًا.
- Erreur : يارجلَ. Pour un appel général (نكرة غير مقصودة – nakirah ghayr maqṣūdah), le المنادى (al-munādā) est منصوب (manṣūb) avec tanwıˉn. Correction : يارجلًا،ساعدني!
- Erreur : ياالمعلمُ. Pour appeler un nom défini par ال (al-), on utilise أيها (ʾayyuhā) pour le masculin. Correction : يا أيها المعلمُ، اشرحْ الدرسَ مرةً أخرى.
- Erreur : أَيا محمدُ. أيا (ʾayā) est pour l’appel lointain. Pour un appel proche, أ (ʾa) ou أيْ (ʾay) sont plus appropriés. Correction (si Mohammed est proche) : أَمحمدُ،تعالَ بسرعة. ou أيْ محمدُ، تعالَ بسرعة. (Si l’intention était un appel lointain emphatique, la phrase originale pourrait être contextuellement acceptable, mais l’erreur typique est de mal choisir la particule pour la distance réelle).
Corrigé de l’Exercice 4 :
- أَزينبُ، افتحي النافذةَ! (Utilisation de أ pour le proche) ou أيْ زينبُ، افتحي النافذةَ!
- أيامسافرونَ،سفرًاآمنًا! ou هيامسافرونَ،سفرًاآمنًا! (Utilisation de أيا ou هيا pour le lointain ; مسافرون est نكرة مقصودة ici, donc مبني على الواو).
- يا عبدَ اللهِ، اتقِربَّكَ!
- يا مسلمًا، لا تكذبْ!
- يا أيها المهندسونَ، عملُكم ممتازٌ!
Corrigé de l’Exercice 5 :
(Plusieurs réponses correctes sont possibles, voici des exemples)
- Munādā ʿalam mufrad au duel : يا محمدانِ، اجتهدا في دراستكما!
- Munādā nakirah maqṣūdah au pluriel féminin : يا معلماتُ، أنتنَّ قدوةٌ.
- Munādā muḍāf où le muḍāf ilayhi est un pronom : يا صديقي، أنتَ عزيزٌ عليَّ.
- Munādā shabīh bil-muḍāf : يا قارئًا للصحيفةِ، ماهي آخرُ الأخبارِ؟
- Munādā nakirah ghayr maqṣūdah au féminin singulier : يا امرأةً، كوني قويةً.
10. Conclusion et Mots-Clés pour Aller Plus Loin
La maîtrise des particules d’appel (حروف النداء – ḥurūf an-nidā’) et des règles grammaticales du nom interpellé (المنادى – al-munādā) constitue une étape significative dans l’apprentissage de la langue arabe. Ce système, riche et nuancé, offre une précision que les apprenants francophones découvriront avec intérêt.
Récapitulatif des points clés :
- L’arabe dispose d’un ensemble de particules d’appel (يا,أ,أيْ,أيا,هيا) dont le choix peut dépendre de la distance perçue de l’interlocuteur.
- Le المنادى (al-munādā), ou nom interpellé, possède cinq états principaux qui déterminent son analyse grammaticale (Iʿrāb). La distinction fondamentale se fait entre le المنادى المبني (al-munādā al-mabnī) (العلم المفرد – al-ʿalam al-mufrad et النكرة المقصودة – an-nakirah al-maqṣūdah), qui est invariable sur la voyelle du nominatif mais en position d’accusatif, et le المنادى المعرب المنصوب (al-munādā al-muʿrab al-manṣūb) (المضاف – al-muḍāf, الشبيه بالمضاف – ash-shabīh bil-muḍāf, et النكرة غير المقصودة – an-nakirah ghayr al-maqṣūdah), qui est directement à l’accusatif.
- L’appel d’un nom défini par l’article ال (al-) nécessite l’intercalation de أيها (ʾayyuhā) pour le masculin et أيتها (ʾayyatuhā) pour le féminin, sauf pour le nom divin الله (Allah).
Encouragement à la pratique :
La compréhension intellectuelle de ces règles est la première étape, mais leur internalisation et leur usage fluide ne viendront qu’avec une pratique assidue. Il est conseillé aux apprenants de :
- Écouter activement des dialogues en arabe authentique (films, séries, conversations) pour repérer l’usage des particules d’appel et l’intonation.
- Lire des textes variés, notamment le Coran pour ses nombreux exemples de يا (yā), mais aussi la littérature moderne et les journaux.
- S’exercer à former ses propres phrases en utilisant les différentes particules et les différents types de المنادى (al-munādā).
- Ne pas craindre de faire des erreurs, car elles font partie intégrante du processus d’apprentissage. Revenir sur les règles et les exemples corrigés aidera à les surmonter.
Ouverture :
Il est important de noter que le النداء (an-nidā’) en arabe ne se limite pas à sa fonction première d’interpellation. Dans la rhétorique arabe (البلاغة – al-balāghah), l’appel peut être employé à des fins stylistiques et expressives variées, telles que l’étonnement (التعجب – at-taʿajjub), le reproche (العتاب – al-ʿitāb), la lamentation (الندبة – an-nudbah), la demande de secours (الاستغاثة – al-istighāthah), l’incitation (الإغراء – al-ighrāʾ), et bien d’autres. L’exploration de ces « أغراض بلاغية للنداء » (objectifs rhétoriques de l’appel) constitue un champ d’étude passionnant pour les apprenants avancés souhaitant approfondir leur appréciation des subtilités de la langue arabe.
Mots-clés pour aller plus loin :
Pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance du النداء (an-nidā’) et des sujets connexes, voici quelques mots-clés utiles pour la recherche, en français et en arabe :
- Français : grammaire avancée arabe, style de l’appel en arabe, rhétorique arabe, fonctions pragmatiques du vocatif arabe, apprendre l’arabe niveau B1/B2, exercices de grammaire arabe (Iʿrāb), المنادى المضاف لياء المتكلم (al-munādā al-muḍāf li-yāʾ al-mutakallim), الترخيم في النداء (at-tarkhīm fī an-nidā’).
- Arabe : أحكام المنادى بالتفصيل, أسلوب النداء في البلاغة العربية, تدريبات على إعراب المنادى, نداء مافيه أل, الاستغاثة والندبة وأحكامهما, المنادى المرخم.
En conclusion, le النداء (an-nidā’) est bien plus qu’une simple particule suivie d’un nom ; c’est une fenêtre sur la structure grammaticale, la richesse sémantique et la beauté stylistique de la langue arabe. Sa maîtrise progressive enrichira considérablement votre capacité à communiquer et à comprendre l’arabe dans toute sa profondeur.
Sources des citations
- أسلوب النداء | كلية العلوم اﻹنسانية واﻻجتماعية, consulté le mai 13, 2025, http://chss.ksu.edu.sa/ar/node/5228
- الـمُنادَى – تعلم العربية, consulté le mai 13, 2025, https://learning.aljazeera.net/ar/node/19705
- 5 Harf Nida | Simplified Grammar Rules with charts | النِّداء – Arabic Blog, consulté le mai 13, 2025, https://arabicblog.info/harf-nida-in-arabic/
- journal.tishreen.edu.sy, consulté le mai 13, 2025, https://journal.tishreen.edu.sy/index.php/humlitr/article/download/8010/7747/31207
- Types of Pronouns in Arabic | Relative Pronouns | Demonstrative Pronouns – Learn Arabic Online, consulté le mai 13, 2025, https://www.learnarabiconline.com/arabic-pronouns/
- L’Apostrophe – L’ Apposition – Sosgrammaire, consulté le mai 13, 2025, https://sosgrammaire.hebfree.org/apposapos.html
- Cours d’arabe • Afficher le sujet – Règles de grammaire vues en cours, consulté le mai 13, 2025, http://www.coursdarabe.fr/forum/viewtopic.php?f=68&t=1200
- What are common mistakes native French speakers make when they speak English?, consulté le mai 13, 2025, https://www.quora.com/What-are-common-mistakes-native-French-speakers-make-when-they-speak-English
- 8 difficultés du français pour les arabophones – Français Authentique, consulté le mai 13, 2025, https://www.francaisauthentique.com/8-difficultes-du-francais-pour-les-arabophones/